IMANA de DarlinJohancy
En arabe la famille des mots Amin, Iman ou imam, imana désignent la foi, la confiance, la sécurité. Ce mot est aussi présent dans la langue swahilie (Kenya, Tanzanie, Est du Congo Kinshasa) sous la forme imani : la confiance.
"Le terme Imana n’est pas l’équivalent de Dieu-Déesse qui est une vision occidentale de la divinité. En effet, : « le terme « imana » ne désigne pas avant tout un être personnel qu’il faudrait honorer et implorer, mais un fluide diffus qu’il convient de capter. » En d’autres termes, Imana est une force vitale neutre qui se manifeste dans le cosmos intérieur de chaque être vivant." ¹
Imana, de Michel Darlin Johancy est un voyage musical, symphonique et spirituel à travers trois géographies : une géographie intérieure de méditation, un parcours identitaire culturel et une balade musicale artistique. Ces trois itinéraires se déploient dans les espaces haïtiens.
Ce voyage symphonique et spirituel se déroule en 10 étapes ou 10 mouvements.
1- Ouvè pòt yo : l’ouverture des portes ::
L’ouverture des portes est commandée par le saxophone qui joue le rôle de fil conducteur. L’ouverture est lente comme dans certaines symphonies. Cette lenteur permet d’entrer tout doucement dans une ambiance de voyage et de réflexion. Musicalement, l’ouverture repose sur le dialogue entre le chœur, le duo guitare/piano et des percussions saccadées, type katap katap.
2- Chache limyè, chache chimen mòn : la quête de lumière et le chemin de la montagne :
« Si mòn pa bay, lavil ap peri » : si le morne ne produit pas, la ville périra ». La quête de la montagne est doublée d’autres quêtes : recherche de l’effort (monte mòn), retour à la campagne, qu’il faut revaloriser, recherche aussi d’élévation de l’esprit. C’est comme un pèlerinage. On peut alléger aussi nos multiples fardeaux ou problèmes en les déposant de l’autre côté de la montagne.
3- Incantation et bruit de foule.
Le saxophone introduit cette séquence. On entend comme un bruit de foule en marche et une incantation, une répétition, comme un mantra du nom de la divinité Oloroun, du panthéon afro-brésilien yorouba.
4- Èske Bondye pale kreyòl ? Est-ce que Dieu parle créole ?
Pendant que le saxophone et les percussions katap dessinent le chemin comme un vèvè (dessin rituel) musical, l’artiste s’interroge. Est-ce que le culte peut se créoliser ? Les tambours et les tchatchas ont toue leur place partout où l’âme s’élève. Ils rythment aussi notre identité culturelle.
5-Kote m ye ? Où suis-je ?
Nouvel intermède musical, le temps que l’esprit et l’âme continuent leur voyage.
Avec le CLPGACH, la commune de Ganthier triomphe de l’obscurantisme et de la dictature de l’ignorance ambiante
Suite à l’assaut, et les brouhahas des déplacés dans la nuit du 21 juillet 2024 à Ganthier ; ce dimanche 06 Octobre 2024, c’est une foule gigantesque qui s’est déferlée à Saint Jean Marie Vianney, aux cris , scandent « Ann li pou n chanje Gantye » . Ils ont sillonné plusieurs coins de l’établissement et dansé les jolivettes, à la hauteur des salles en vue de manifester leurs contentements.
Décor bien planté, murs arborés, en présence de nombreux professionnels et notaires ; l’initiative organisée par le Club Littéraire et Philosophique de Galette- Chambon ( CLPGACH ) a rassemblé plusieurs centaines de personnes qui étaient venues encourager les jeunes guerriers et les surchauffaient à la bataille.
On ne s’attendait pas qu’au milieu d’une crise chronique , multiforme qu’une telle lutte aurait déclenché. C’est la deuxième fois, la lecture a eu raison à Ganthier . Grâce au CLPGACH , les nouveaux guerriers- lecteurs remportent la grande victoire, au bon moment, où les Ganthierois.ses espéraient à tout prix une libération de la commune .
6-Appeler la pluie
« Créateur du Monde, toi qui trace toute chose, fais tomber la pluie. » C’est un appel à une pluie nourrissante et vivifiante.
7-Pase m t ap pase : je ne faisais que passer.
« Pase m t ap pase », ce refrain, symbole du voyage, est ponctué par les percussions qui jouent en cadence.
8-Deuxième interlude instrumental
Cet interlude marque une pause bien rythmée de percussions très diverses, entre katap et rabòday.
9-Ekri pou nou pa disparèt : écrire pour ne pas disparaître
« Ecrire pour ne pas disparaître, car le vent emporte les paroles » (Van pote pawòl ale) dit Darlin Johancy. Il continue : « Ecrire ce que nous disons et ce que nous produisons ». C’est un appel à protéger, sauvegarder notre patrimoine créatif. Et puis surtout, affirme-t-il « mete sèl anba lan nou ! Mettons-nous du sel sous la langue ! Car le sel nous protège de la zombification qui nous menace ».
10-L’alchimie de la création
D’abord le bruit de l’eau en dialogue avec le saxophone qui joue en flamme douce, « un mariage alchimique » nous dit Darlin Johancy, entre l’eau et le feu. Le chœur revient, voix, murmures, chuchotements, avec, en parallèle, un « mariage » katap rabòday. « Ce n’est pas une composition froidement programmée », nous confie Darlin Johancy, toute cette musique et ce voyage spirituel se sont rencontrés à l’intérieur de moi. J’ai dû mettre tout cela en harmonie. Cela correspondait aussi à un moment où moi-même j’avais besoin d’harmonie. J’espère qu’elle aura un effet apaisant et propice à la méditation chez ceux qui écouteront Imana. »
https://on.soundcloud.com/vwhiN
Rafael Lucas, Maître de Conférences, enseignant-chercheur, Université Bordeaux Montaigne
IMANA est réalisé grâce au support de la Coopération Suisse en Haïti. Crédits muscicaux :
Natzart : Lead et chorales
Ery Guillaume: Saxophone
Herbysson Pierre : Basse
Schneider Saint fort : Batterie
Tambours : maestro Lélé
DarlinJohancy: Composition, arrangements, production, parolier.
¹.https://www.kugaruka.org/post/imana-le-culte-de-kiranga-ryangombe-uburundi-urwanda